Souvent perçue comme inoffensive, la cigarette électronique peut provoquer des lésions pulmonaires réversibles… mais seulement si l’arrêt intervient à temps. Dans une interview donnée à Nice-Matin, le Pr Paul Hofman, directeur de l’IHU RespirERA, rappelle l’importance d’une prévention renforcée, notamment auprès des jeunes.
Le vapotage : une alternative au tabac qui n’est pas sans danger
Le vapotage est souvent présenté comme une solution moins nocive que la cigarette classique. S’il peut effectivement constituer une étape dans un parcours de sevrage tabagique, il ne doit en aucun cas être considéré comme un usage à long terme sans risque.
Invité de la XIᵉ conférence sur les nouvelles substances psychoactives à Nice, le Pr Paul Hofman a rappelé que toutes les substances addictives (tabac, cannabis, opioïdes, cocaïne… et cigarette électronique) peuvent entraîner des lésions respiratoires.
Des lésions pulmonaires liées au glycérol et à d’autres composés
Certains liquides de vapotage contiennent du glycérol, un composé organique capable d’entraîner une surcharge en lipides dans les cellules pulmonaires. Cette accumulation peut provoquer des lésions identifiables au scanner et au microscope. Ces lésions, encore insuffisamment reconnues, sont observées de manière croissante chez les vapoteurs. La bonne nouvelle : elles peuvent s’estomper si la consommation est arrêtée rapidement.
Mais le glycérol n’est pas le seul point d’attention. Métaux lourds et autres substances présentes dans certains liquides sont désormais suspectés de provoquer une inflammation chronique pouvant, à long terme, évoluer vers une fibrose, une BPCO ou, potentiellement, favoriser des cancers.
Un enjeu majeur chez les jeunes
L’IHU RespirERA mène des actions de prévention dans les collèges, lycées et à l’université.
Un constat préoccupant ressort : de nombreux collégiens commencent par la cigarette électronique, convaincus qu’elle est inoffensive. Une fausse perception qui expose à des risques bien réels.
Certains pays ont pris des mesures strictes. L’Inde, par exemple, interdit totalement la cigarette électronique depuis 2019.
Pour le Pr Hofman, la priorité reste claire : aller vers les jeunes, expliquer, prévenir sans moraliser, en mettant l’accent sur les effets à court terme, ceux qui les concernent le plus directement.
De nouvelles menaces : les substances psychoactives émergentes
Au-delà du vapotage, la XIᵉ conférence a été l’occasion d’aborder les nouvelles substances psychoactives (NPS) : kétamine, amphétamines, nouveaux produits de synthèse…
Ces produits peuvent induire des lésions pulmonaires sévères, des spasmes des vaisseaux pulmonaires ou encore des formes d’asthme chronique, touchant principalement des jeunes adultes entre 20 et 40 ans.
La vision de l’IHU RespirERA
Face à ces constats, le message de l’IHU RespirERA est clair : renforcer la prévention, informer sans stigmatiser et protéger la santé respiratoire dès le plus jeune âge.
Comprendre les risques associés au vapotage et aux nouvelles substances psychoactives est essentiel pour mieux accompagner les jeunes générations.