Une équipe de chercheurs de l’IHU RespirERA, en collaboration avec la société BIODENA, met en lumière le rôle prometteur du biomarqueur sanguin hPG80 (une protéine circulante dans le sang, produite par certaines cellules cancéreuses, qui peut indiquer la présence de tumeurs malignes) pour mieux identifier le risque de cancer du poumon, en particulier chez les anciens fumeurs.
Le cancer du poumon : un enjeu de santé publique majeur
Le cancer du poumon est le cancer le plus meurtrier en France et dans le monde. Le tabagisme est le premier facteur de risque : même après l’arrêt de la consommation, bon nombre d’anciens fumeurs conserve un risque élevé de développer un cancer du poumon plusieurs années plus tard.
Aujourd’hui, le dépistage repose sur la tomodensitométrie thoracique à faible dose (LD-CT), un scanner permettant de détecter des anomalies pulmonaires. Bien qu’efficace, cet examen manque parfois de spécificité et de sensibilité et entraîne un nombre important de faux positifs/négatifs, nécessitant des explorations supplémentaires.
hPG80 : un signal biologique influencé par le tabac
Menée notamment par les docteurs Véronique Hofman, Charles-Hugo Marquette, Jean-Philippe Berthet, Jacques Boutros, Marius Ilié et Paul Hofman à l’IHU RespirERA, en collaboration très étroite avec des membres de la compagnie BIODENA, l’étude montre que les niveaux sanguins de hPG80 augmentent sous l’effet du tabagisme mais diminuent progressivement après l’arrêt de la consommation.
Les résultats démontrent :
- Chez les fumeurs actifs, l’hPG80 est systématiquement élevé, mais ces valeurs ne permettent pas de distinguer l’effet du tabagisme de la présence éventuelle d’un cancer pulmonaire.
- Chez les anciens fumeurs, les niveaux d’hPG80 reviennent normalement à un seuil bas après arrêt de la consommation.
- Si le niveau d’hPG80 reste élevé après le sevrage tabagique, cela pourrait indiquer un risque persistant de développer un cancer du poumon.
- L’hPG80 semble donc être un marqueur particulièrement pertinent pour différencier les anciens fumeurs à risque élevé de développer un cancer pulmonaires, ce qui n’est pas possible aujourd’hui avec les outils classiques.
Une avancée concrète pour la prévention et le dépistage
Le hPG80 pourrait améliorer la stratégie de dépistage du cancer du poumon en apportant une information biologique objective sur le risque individuel des anciens fumeurs.
Concrètement :
- Il pourrait aider à mieux cibler les anciens fumeurs qui doivent bénéficier d’un suivi renforcé.
- Il offre une piste pour améliorer la spécificité du dépistage en complément du LD-CT.
- Sa baisse mesurable après l’arrêt du tabac pourrait devenir un outil motivationnel pour accompagner les fumeurs vers le sevrage définitif.
- Il pourrait permettre d’identifier un risque persistant chez les anciens fumeurs sans maladie respiratoire apparente sur l’imagerie thoracique.
Ces résultats encouragent la poursuite de validations prospectives multicentriques, nécessaires avant une intégration dans les programmes de dépistage.